Président de Layher France, Éric Limasset explique comment le spécialiste des échafaudages innove, en alliant sécurité et rendement
Comment conciliez-vous les forts enjeux de sécurité et les exigences de rendement de vos clients ?
La prévention est au rendez-vous quand la sécurité s’accorde avec le rendement. Nous fabriquons du matériel NF, mais il faut qu’il soit évolutif et ergonomique. Évolutif, car on ne peut pas changer de gamme tous les dix ans. Ergonomique, car il faut réduire les TMS, en privilégiant un montage plus rapide, avec moins d’efforts à produire et des matériaux plus légers. Autre point majeur, les équipes qui montent les échafaudages doivent être formées auprès d’organismes reconnus. Il est essentiel qu’elles disposent de bureaux d’études ou de logiciels fournis par les fabricants qui anticipent les problèmes sur les chantiers. Par ailleurs, nous formons nos technico-commerciaux sur les métiers qu’ils peuvent rencontrer, afin qu’ils posent les bonnes questions.
Vous disposez d’une équipe de recherche. Comment prend-elle en compte les besoins du terrain ?
La recherche et développement fait partie de notre ADN. Notre équipe est composée de vingt ingénieurs et techniciens qui ont l’expérience des chantiers. De plus, notre filiale Échafaudage Service intervient sur une centaine de chantiers par mois, ce qui constitue un retour terrain très fort et oriente nos innovations.
Pouvez-vous décrire quelques exemples d’innovations récentes et leur apport en prévention ?
La prévention est un prérequis. Nous n’investissons pas dans la recherche sur un produit s’il n’a pas d’intérêt en prévention. La suite Windec 5.0, par exemple, permet de réaliser les plans et notes de calcul de façon automatique. Autres innovations issues de notre recherche : Baticale avec la société Ekystock, la première cale armée et composite, 100 % française, avec des matériaux recyclés et recyclables, bien plus résistante qu’une cale en bois ; la nouvelle génération de poutres Flexbeam en aluminium : plus légères que les poutres en acier, plus résistantes, plus faciles et rapides à monter, elles sont un atout pour lutter contre les TMS. En septembre 2020, nous avons aussi lancé un service de relevés par drone, avec lesquels on obtient un maillage précis du bâtiment en toute sécurité ainsi qu’un gain de temps et de rentabilité. Autre sujet qui émerge : le full BIM, grâce auquel nous construisons l’échafaudage directement dans la maquette numérique.
Innover a un coût que certains peuvent refuser…
La notion de coût est relative. En France, on n’a pas toujours l’habitude de considérer les gains générés par l’exploitation. Par exemple, la Baticale coûte quatre fois plus cher qu’une cale madrier en bois. Mais elle va durer dix ans, au lieu de 4 à 6 mois. A contrario, d’autres produits innovants avec un apport notable en sécurité ne sont pas plus chers. C’est le cas de la poutre Flexbeam et du système Uni-Safe, lancé en octobre 2020. Ces systèmes sont plus rapides à monter, plus légers, moins encombrants, sans capacité de charges diminuées, et le temps de manutention est divisé par deux. De plus, les artisans peuvent facilement le mettre dans leur camionnette.
Vous évoquez les artisans. Quelle est votre stratégie à leur égard ?
Les petites structures sont la cible la plus difficile à capter et la plus diffuse. L’aide la plus importante à leur égard vient de l’Assurance maladie avec sa subvention Échafaudage+. Elle a eu un énorme impact sur la démocratisation de la protection collective. Notre objectif est de leur faire comprendre qu’ils peuvent accéder à du matériel de qualité, y compris en location, avec un accompagnement. Autre point essentiel : grâce à notre système de financement avec des partenaires institutionnels et privés, Layher se porte en quelque sorte caution, ce qui permet d’obtenir les prêts dans 90 à 95 % des cas.
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